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  le blog soueich

Toute l'actualité du monde, de la France, du Comminges, de Soueich. Informations alternatives aux médias menteurs.

Les grands lieux saints sous contrôle international !

Etienne Pellot

Editorient du 5 octobre 2015

vendredi 9 octobre 2015, par Comité Valmy

 

L’ancien ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Ghadanfar Rokon Abadi


Les grands lieux saints sous contrôle international !

La grande bousculade, survenue le 24 septembre dernier à La Mecque, a fait au moins 769 morts, selon le dernier bilan. La catastrophe s’est produite dans le cadre du hadj coïncidant avec la célébration de l’Aïd el-Kébir dans la ville sainte musulmane, durant le rituel de la lapidation de Satan. Cette cérémonie consiste à lancer des pierres contre les trois stèles le représentant, dans la vallée de Mina (à 5 kilomètres de La Mecque) ; le flux descendant en train de quitter l’une des stèles ayant rencontré une immense foule venant en sens inverse.

 

La République islamique d’Iran a payé le plus lourd tribut avec 464 victimes identifiées à ce jour. Figurent aussi 78 Egyptiens, 54 Nigérians, 45 Indonésiens et 40 Pakistanais. Il s’agit de la catastrophe la plus sanglante survenue à La Mecque depuis juillet 1990, lorsque 1426 fidèles avaient péri, piétinés et asphyxiés sur le site de Mina. Mais chaque année, on déplore des victimes dues à l’inadaptation des infrastructures, à la mauvaise gestion des flux de pèlerins et, en définitive, à l’incurie des autorités saoudiennes qui n’en sont pas à leur première défaillance. Certains experts avisés accusent même les services secrets de la monarchie pétrolière d’avoir sciemment fomenté la bousculade, sachant parfaitement que le groupe de pèlerins exposés comportait nombre de ressortissants iraniens exerçant de hautes fonctions officielles dont un diplomate de haut rang Ghazanfar Rokanabadi. Celui-ci fut notamment ambassadeur de la République islamique à Beyrouth de 2010 à 2014. Ce poste l’a amené à exercer d’importantes responsabilités régionales, dont celle pouvant s’apparenter aux fonctions d’officier de liaison avec le Hezbollah, la puissante organisation politico-militaire libanaise.

 

Plus précisément encore, certaines sources iraniennes proches des services de renseignement, estiment que l’ancien ambassadeur aurait tout bonnement été enlevé, puis exécuté avant d’être dissimulé parmi les corps des victimes de la bousculade meurtrière… Selon les conclusions – encore classifiées – des Forces de sécurité intérieure libanaises (FSI), le double attentat-suicide du 19 novembre 2013 contre l’ambassade iranienne de Beyrouth (23 morts) a bel et bien été revendiqué parles Brigades Abdallah Azzam, un groupuscule jihadiste identifié comme un faux nez des services secrets saoudiens.

 

Suite à la chute d’une grue de chantier, dans la cour de la Grande mosquée de La Mecque – le 11 septembre dernier -, ayant causé la mort d’une centaine de personnes, le nouveau roi Salman avait sanctionné le groupe BTP Ben Laden (l’un des bailleurs de fonds familiaux de la nébuleuse d’Oussama Ben Laden). Ce geste n’a pas trompé, pour autant, les bons connaisseurs de la monarchie pétrolière wahhabite quant à son incapacité récurrente à gérer sérieusement les infrastructures et les flux humains des pèlerinages. Concernant le financement du terrorisme salafo-jihadiste, et c’est une évidence aveuglante depuis plusieurs décennies, les grandes sociétés saoudiennes dont Ben Laden Group, continuent à pourvoir les factions les plus extrémistes de l’Islam sunnite en fonds, armes et moyens humains. Ce constant est particulièrement criant pour les théâtres irakiens, syriens et yéménites, tandis que Riyad ose toujours afficher une « participation pleine et entière » à la Coalition internationale contre Dae’ch…

 

En pleurer ou en rire ? Toujours est-il que cette schizophrénie stratégico-pétrolière dure depuis la signature du Pacte du Quincy (15 février 1945), reconduit en 2005 pour 60 ans… entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite. A cet égard, et malgré les grognements de Riyad concernant l’accord sur le nucléaire iranien, Washington continuera, plus que jamais, à s’appuyer sur la monarchie wahhabite afin de contenir toute espèce de velléité d’expansionnisme chi’ite aux Proche et Moyen-Orient… C’est ainsi qu’on assiste depuis plusieurs mois à une certaine convergence – convergence certaine -, entre l’Arabie saoudite et « l’entité sioniste » contre Téhéran et ses alliés dont la Syrie de Bachar al-Assad et le Hezbollah libanais. C’est, du reste, en Israël qu’une autre gestion désastreuse d’autres lieux saints provoque régulièrement affrontements, victimes et déportations.

 

On se souvient de l’incursion d’Ariel Sharon et de sa soldatesque sur l’Esplanade des mosquées à Jérusalem le 28 septembre 2000. Cette provocation fut à l’origine de la deuxième Intifada dont le nombre réel de victimes est toujours classifié « secret défense » ! Aujourd’hui, Benjamin Netanyahou remet le couvert, cherchant à expulser les Musulmans de leur troisième lieu sacré… prenant délibérément le risque de déclencher une nouvelle Intifada qui pourrait embraser aussi la Cisjordanie.

 

Dans ce contexte, et depuis des décennies, les autorités israéliennes verrouillent et filtrent aussi l’accès aux lieux sacrés de Terre sainte (Jérusalem, Bethléem, Abou Gosh, etc.) dont elles tirent de substantiels profits, dans une indifférence internationale absolument généralisée. Parfois, la France éternelle – censée être toujours la protectrice de l’Eglise d’Orient – soulève péniblement une paupière. Vladimir Poutine est nettement plus sérieux dans son rôle d’assistance aux Orthodoxes de la région, même au risque de déclencher toutes les foudres de la propagande occidentale n’hésitant pas à recourir aux poncifs les plus éculés de l’impérialisme soviétique…

 

Quoiqu’il en soit, Jérusalem et ses lieux saints ont fait l’objet de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, appelant à une gestion « sous contrôle international ». Evidemment, ces nombreux accords sont restés lettre morte comme la presque totalité des 498 résolutions du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, adoptés depuis 1948… Aux Nations unies, tous les Etats membres sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres…

 

Etienne Pellot
5 octobre 2015

Proche&Moyen-Orient.ch
Observatoire Géostratégique

Mise en ligne CV : 8 octobre 2015

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