ALGERIE, LIBAN, SYRIE, YEMEN, LIBYE ET PALESTINE 2016 !

par Richard Labévière

Editorient du 4 janvier 2016

lundi 4 janvier 2016, par Comité Valmy

...Maintenant que François Hollande, Laurent Fabius et même les idéologues les plus bouchés ont compris ( ?) ...

ALGERIE, LIBAN, SYRIE, YEMEN,
LIBYE ET PALESTINE 2016 !

Ainsi, les proches d’Hocine Aït Ahmed n’ont pas voulu que le dernier des neuf « fils de la Toussaint » soit enterré à Alger dans le « Carré des martyrs »… Les mêmes ont aussitôt qualifié les huit jours de deuil national de « tentative de récupération ». Que n’eut-on entendu si cette décision d’hommage historique n’avait pas été prise ? Et la presse parisienne, qui n’en rate pas une dès qu’il est question de taper sur Alger, a dressé des couronnes de lauriers à l’ « opposant historique » au pouvoir en place. Quelques souvenirs nous reviennent…

En Suisse, nous avons croisé à moult reprises le patron du FFS (Front des forces socialistes) qui n’hésitait pas à accuser le moindre de ses contradicteurs d’être un agent stipendié des services secrets français… Nous en fîmes personnellement l’expérience pour avoir osé lui demander ce qu’était devenu le « trésor du FLN », dont une bonne partie avait disparu, en Suisse justement. Le journaliste et photographe vaudois Charles-Henri Favrod dira, un jour peut-être sa vérité et comment Hocine Aït Ahmed a dirigé jusqu’à la fin son parti depuis les hauts de Lausanne…

Quoiqu’il en soit, les commentateurs parisiens ont poussé l’hagiographie du chef kabyle jusqu’à l’ériger en « statue de l’anti-Boutef », multipliant les spéculations sur la succession du président algérien. Les manœuvres primaires des droites et des gauches françaises en vue de l’élection de 2017 sont-elles, à ce point, transparentes que nos éditorialistes puissent ainsi continuer à donner des leçons de bonne gouvernance ? Champions du « Qui-tue-qui ? », les mêmes plumes et logiques s’adonnent joyeusement aux pronostics personnels comme si on assistait à la dernière course de Longchamp… Pathétique !

Dans les colonnes de prochetmoyen-orient.ch, nous avons déjà eu l’occasion de nous demander pourquoi la presse parisienne n’avait pas écrit une seule ligne sur le dernier Salon international du livre d’Alger (SILA) qui accueillit quelque 600 exposants, une cinquantaine de pays et plus d’un million de visiteurs. La même interrogation s’impose à propos des reformes actuellement en cours depuis plusieurs années de l’autre côté de la Méditerranée, comme sur les profonds ajustements constitutionnels qui installeront la Deuxième République algérienne. A part la belle émission de Thalassa - « Algérie, la mer retrouvée » d’avril dernier -, jamais un papier, une information ou un commentaire positifs dès qu’il est question de ce grand pays…

Grand et stratégique, en effet ! Encerclé par des Etats faillis, des foyers de guérilla et de banditisme, l’Algérie est un Etat-nation dont les appareils assurent la souveraineté et la stabilité. Imaginons deux secondes les conséquences d’une crise profonde affectant ce partenaire essentiel de la France : augmentation paroxystique de la menace terroriste, déstabilisation accentuée de la Méditerranée ainsi que de la bande sahélo-saharienne, fragilisation du dispositif Barkhane et bien d’autres déglingues… Que de gros dossiers économiques, sociaux et politiques mobilisent et inquiètent les Algériens, c’est l’évidence et c’est l’affaire des Algériens eux-mêmes, comme il est de notre responsabilité de faire face aux difficultés présentes et à venir de la France éternelle ! En attendant, et pour les temps qui viennent, prochemoyen-orient.ch adresse tous ses meilleurs vœux à l’Algérie et aux Algériens.

Depuis plus d’un an, depuis la vacance de la présidence de la République libanaise (25 mai 2014), prochetmoyen-orient.ch s’est prononcé en faveur de la candidature de Sleiman Frangieh, parce que c’est la meilleure des solutions, faisant converger l’évolution des lignes de force internationales avec les urgences économiques, sociales et sécuritaires du pays du Cèdre. Avec le temps, cette évidence s’est imposée au cœur de la vie politique internationale et libanaise, mais fort de la position éthique très respectable du Hezbollah dans son appui au général Aoun, les chefs chrétiens tentent de faire échec à l’Histoire. On peut dans ce contexte relever une contradiction majeure. On aurait souhaité voir cette même éthique politique s’appliquer au sein du camp chrétien et surtout entre les alliés défendant le même projet. « Éthique politique commence par soi-même ». Malheureusement l’histoire des partis politiques chrétiens au Liban n’est pas riche en exemples de principes, d’entente et d’éthique. Bien au contraire… Hormis sa grande popularité, sa légitimité politique, son bilan à la tête de plusieurs grands ministères difficiles et ses multiples compétences, Sleiman Frangieh est un homme authentique, droit et digne. Par conséquent, prochetmoyen-orient.ch souhaite aux Liban et aux Libanais de gagner prochainement ce président qu’ils méritent.

Le 25 janvier prochain à Genève, notre ami Staffan de Mistura animera le début des pourparlers de paix inter-syriens. Conformément à la résolution 2254, adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies, cette discussion vise une transition politique, avec un calendrier pour la conclusion d’un cessez-le-feu, l’adoption d’une nouvelle constitution et la tenue d’élections sous l’égide de l’ONU. « Le peuple de Syrie a assez souffert », vient de déclarer Sttafan de Mistura, « sa tragédie est désormais ressentie à travers toute la région et au-delà. Il mérite toute l’attention et le dévouement de tous ses représentants syriens, qui devraient maintenant faire preuve du sens de l’Etat et de vision, afin de surmonter leurs différends pour le salut de la Syrie et des Syriens ».

Maintenant que François Hollande, Laurent Fabius et même les idéologues les plus bouchés ont compris que la priorité opérationnelle internationale est la neutralisation de Dae’ch et des autres factions de la nébuleuse salafo-jihadiste, l’horizon s’éclaircit. Désormais, avec l’appui de Moscou, de Washington, de Téhéran, de Riyad et de Beyrouth, l’avenir de la Syrie dispose d’une chance de redevenir l’affaire des Syriens eux-mêmes. Le sort personnel de Bachar al-Assad n’est plus la question et son droit à se présenter à de nouvelles élections présidentielles non plus… Dans ce contexte prometteur qui enregistre quotidiennement des avancées décisives contre Dae’ch, prochetmoyen-orient.ch présente ses meilleurs vœux à la Syrie et aux Syriens.

L’Arabie saoudite continue à détruire l’un des pays les plus pauvres du monde et à massacrer sa population civile : le Yémen ; mais cette guerre n’intéresse personne ou presque, en tout cas pas les professionnels de l’indignation sélective… nos grands amis de la presse internationale mainstream ! Là encore, les laboureurs de la mer des Nations unies tentent de fabriquer un cessez-le-feu, voire une paix durable. Avec l’aide de la diplomatie algérienne notamment, ils font de même en Libye et sur bien d’autres fronts, notamment dans l’Afrique subsaharienne et la Corne où des milliers de pauvres gens subissent les délires de Boko-Haram, des Shebabs somaliens, des trafiquants de drogues, d’ivoire d’éléphants et de cornes de rhinocéros…

Songeons aussi aux Afghans, en danger de subir à nouveau la tutelle des Taliban et de leur régime ubuesque. Cette terrible régression conclut logiquement une quinzaine d’années d’interventions militaires occidentales - successivement déclinées par les Etats-Unis, leurs supplétifs européens et l’OTAN -, afin soi-disant « d’apporter la démocratie ... » Partout où les Occidentaux ont eu la prétention d’opérer militairement des « regime change », on constate la même faillite, la même montée en puissance des seigneurs de la guerre, des mafias et d’un libre échange sauvage mais mathématiquement conforme aux équations de la mondialisation économique. A toutes ces victimes du néo-libéralisme global aussi, il faut souhaiter plus de ressources, de justice et de bien-être.

Enfin, prochetmoyen-orient.ch se tourne avec gravité et colère contre les occupants et les colonisateurs des territoires palestiniens et des lieux saints de l’Islam et de la Chrétienté. Ce scandale qui dure depuis 1948, qui a fait l’objet de plus de 450 résolutions du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de la Commission des droits de l’homme de l’ONU - sans qu’aucune d’elles ne connaisse le plus petit début de mise en œuvre à part la 475 sur la libération du Sud Liban -, demeure la tâche la plus noire sur la conscience universelle de notre génération ! De toutes les crises proche et moyen-orientales que nous venons d’évoquer, le conflit israélo-palestinien demeure l’épicentre névralgique.

A nos vieux amis Palestiniens, ainsi qu’à nos chers lectrices et lecteurs, contributrices et contributeurs, donatrices et donateurs, nous adressons des vœux de bonheur, malgré tout, pour les temps qui viennent. Nous en aurons collectivement besoin !

Richard Labévière

Proche&Moyen-Orient.ch
Observatoire Géostratégique