Dans la même logique, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a déclaré au Spiegel que l’Otan ne se laisserait pas embarquer dans une guerre déclenchée par la Turquie contre la Russie [10]. L’article 5 de la Charte de l’Alliance atlantique ne prévoit de soutenir un État membre que lorsqu’il est directement attaqué, pas lorsqu’il déclenche lui-même un conflit [11]. Propos confirmés par l’Allemagne au Daily Mail [12].
Désormais, la Maison-Blanche s’apprête à sacrifier Recep Tayyip Erdoğan qui devrait être rendu responsable de tous les maux de la région. Le président turc pourrait être assassiné comme son prédecésseur Turgut Özal, en 1993, ou être renversé par ses proches. Faute de quoi, la guerre se déplacera de la Syrie vers la Turquie. Vladimir Poutine aura réussi son pari : faire évoluer les lignes de front de sorte que les Occidentaux se battent à ses côtés contre les jihadistes qu’ils ont pourtant créés.
À retenir :
La Russie ne s’est pas engagée en Syrie pour défendre des intérêts économiques ou ressusciter une alliance de la Guerre froide, mais pour lutter contre les jihadistes.
Depuis 2012, la Russie tente de dissocier les Occidentaux des jihadistes, qu’ils ont créés et soutenus depuis 1978.
En concluant l’accord de Munich John Kerry a accepté de reléguer Jeffrey Feltman, le leader des néoconservateurs et des faucons libéraux à l’Onu, dans un rôle subalterne. En proposant une cessation des hostilités, il a permis de séparer les combattants syriens raisonnables des jihadistes.
Thierry Meyssan
[1] « Des banquiers anglo-saxons ont organisé la Seconde Guerre mondiale », par Valentin Katasonov, Traduction Gilles Chertier, Strategic Culture Foundation (Russie) , Réseau Voltaire, 11 mai 2015.
[2] « Rapport de renseignement russe sur l’aide actuelle turque à Daesh », Réseau Voltaire, 18 février 2016.
[3] « Comment la Turquie soutient les jihadistes », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22 février 2016.
[4] “Statement of the International Syria Support Group”, Voltaire Network, 12 February 2016.
[5] « L’Allemagne et l’Onu contre la Syrie », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie) , Réseau Voltaire, 28 janvier 2016.
[6] “Cessation of Hostilities in Syria”, Voltaire Network, 22 February 2016.
[7] « Lettre datée du 18 février 2016 adressée par le représentant de la Coalition nationale des forces de la révolution et de l’opposition syriennes ». Document Onu S/2016/165.
[8] « Audition au Sénat du général Didier Castres sur Daesh », Réseau Voltaire, 15 décembre 2015.
[9] “Asian rebels in Aleppo, Western blind spot”, Christina Lin, Asia Times, February 8, 2016.
[10] « Syrienkonflikt : Warnung aus der Nato an die Türkei », Der Spiegel, 19. Februar 2016.
[11] « Traité de l’Atlantique Nord », Réseau Voltaire, 4 avril 1949.
[12] « NATO warns Turkey it can’t count on support in a conflict with Russia as tensions escalate », Gianluca Mezzofiore, Daily Mail, February 20, 2016.
Source : « Moscou, rempart contre les jihadistes », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 29 février 2016, www.voltairenet.org/article190464.html