Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
  le blog soueich

Toute l'actualité du monde, de la France, du Comminges, de Soueich. Informations alternatives aux médias menteurs.

Leurre de vérité

Paru le Jeudi 02 Avril 2009
   BENITO PEREZ 
 

International Rarement réunion internationale n'aura été autant attendue, annoncée, prédite. L'effervescence autour du Sommet du G8 élargi (ou G20) qui se tient aujourd'hui à Londres témoigne du traumatisme subi par le petit monde des décideurs politiques et économiques et autres «leaders d'opinion», d'habitude si pétris de certitudes.
Certes, depuis que le système capitaliste s'est imposé au monde dans le sillage du colonialisme et du commerce triangulaire, production et consommation des richesses sont rythmées par des crises périodiques. Les précédents historiques finissant parfois dans des conflits armés suffisamment destructeurs pour «relancer la machine économique» ou «rétablir les taux de profit», selon l'école interprétative.
Reste qu'après nous avoir annoncé que le bonheur planétaire était au coin de la rue, les propagandistes libéraux ont des raisons d'être inquiets. La récession s'annonce particulièrement brutale. Les licenciements massifs vont engendrer une baisse durable des revenus salariaux, histoire de rétablir la «confiance des investisseurs» ou leur profitabilité, ce qui est la même chose. Avec le risque que l'inévitable cortège de drames sociaux finisse par saper la légitimité du modèle qui a fait la gloire et la fortune de ses fidèles zélateurs.
Et c'est là qu'intervient le G20: le ballet diplomatique londonien doit «rétablir la confiance». Celle des détenteurs de capitaux, d'abord, en coordonnant les cadeaux des contribuables aux entreprises défaillantes. Mais aussi, et surtout, celle des électeurs-consommateurs-travailleurs, sommés de constater la mobilisation internationale anti-crise. Mais pour quoi faire?
A voir les décisions en gestation, on en vient à se demander si l'économie mondiale s'enfonce dans sa pire récession à cause des paradis fiscaux et des salaires des managers! Bien entendu, combattre l'opacité des premiers et la voracité des seconds est une tâche ô combien importante. Mais les pointer comme principaux fauteurs de crise est une pure escroquerie. Quant à se mobiliser pour sauver des institutions financières, responsables de l'effondrement actuel, on nage en pleine absurdité.
A moins que le but de ces gesticulations ne soit d'occulter les vraies causes de la bulle spéculative et de son éclatement: la toute-puissance des détenteurs de capital et leur folle course aux rendements à deux chiffres, la marchandisation de biens de première nécessité (logement, école, santé, etc.) qui dope le crédit privé, et accessoirement ces marchés de «produits dérivés» qui favorisent une spéculation aussi dangereuse qu'aveugle.
Sans toucher à ces vaches sacrées de l'ère néolibérale, les appels à la «réforme du capitalisme» demeureront de simples leurres. Le refus des grandes puissances de négocier un nouveau système financier multilatéral au sein de l'ONU, au profit de ce G8 déguisé en G20, est symptomatique de la volonté de statu quo. A l'instar de ces vibrants appels contre le protectionnisme –comme s'il était aujourd'hui le pire danger de l'humanité– qui montrent à quel point le logiciel qui nous mène dans le mur demeure intact.
Finalement, ce sommet n'aura qu'une utilité, celle d'avoir quelque peu ranimé le mouvement social. Depuis samedi, plus de 100000 citoyens ont clamé à travers le monde qu'ils n'étaient pas dupes de ce «petit coup de peinture sur un monde en ruine[1]
[1]«Un G20 pour rien», Damien Millet, Eric Toussaint, CADTM (http://www.cadtm.org/spip.php?article4274)

 

Source : http://www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=442078

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article