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  le blog soueich

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Manuel Valls, Front National, "front républicain"

Blog du Collectif « Indépendance des Chercheurs »

jeudi 2 avril 2015, par Comité Valmy

 

***
Manuel Valls, Front National, "front républicain"
 

Le compte rendu du Conseil des Ministres du 1er avril 2015 consacre un chapitre à l’emploi et à la situation du chômage, estimant que « le rythme de progression du chômage ralentit donc graduellement, mais sensiblement depuis plusieurs mois » et concluant : « Une politique de l’emploi dynamique doit être poursuivie et amplifiée pour accompagner la reprise ».

 

Le gouvernement s’accorde donc un satisfecit quant à la politique menée jusqu’à présent. Pourtant, le malaise croissant de la population semblait conseiller une attitude plus autocritique. Et tout compte fait, quelle véritable « reprise » peut-il y avoir dans un contexte de mondialisation du capitalisme, avec libre circulation des capitaux et mise en concurrence des populations à l’échelle planétaire ?

 

La triste réalité est que depuis trois décennies, le niveau de vie de la population dans des pays comme la France ne cesse de se détériorer.
Certes, la politique à long terme, qui reste toujours inchangée, peut subir quelques retouches ou ralentissements sur le court terme dans des périodes de tension politique. Mais la tendance globale est celle d’une démolition générale des acquis sociaux, salaires compris.

 

Parallèlement, le désarroi de la majorité des citoyens ne cesse de croître.
Dans ce contexte, l’appel récurrent de Manuel Valls à un « front républicain » lors des dernières élections départementales afin d’isoler le Front National et inciter les électeurs au vote s’est soldé par un résultat qu’il paraît indispensable d’analyser.


 

D’après le Ministère de l’Intérieur, il y a eu au premier tour 47.72% de suffrages exprimés par rapport au nombre d’électeurs inscrits. Ce pourcentage a encore décru à 45.82% au second tour. De son côté, le Front National a obtenu 25,24% des suffrages exprimés (soit, 12% des électeurs inscrits) au premier tour et 22.23% au second tour (soit, 10.02% des électeurs inscrits). En clair, l’ensemble des autres formations politiques n’a mobilisé qu’à peine 36% des électeurs inscrits, au premier comme au second tour.

 

Pour comparaison, un « front républicain » analogue lors du second tour des élections présidentielles de 2002 avait obtenu (en faveur de la candidature de Jacques Chirac) 82.21% sur 75.41% de suffrages exprimés par rapport au nombre total d’électeurs inscrits. Soit, 62% de ce total.

 

Quelle conclusion tirer d’un tel rétrécissement du « front républicain », qui ne parvient même plus à mobiliser 40% des électeurs inscrits ? L’appel de Manuel Valls ne semble guère avoir été pris au sérieux, à en juger par la faible participation électorale qui lui a fait suite.

 

Tout compte fait, le constat est accablant : Nicolas Sarkozy et Manuel Valls réunis, plus tous leurs alliés y compris de circonstance et apparentés « droites » et « gauches » divers, ont à peine mobilisé 36% des électeurs inscrits malgré les appels récurrents de Manuel Valls contre le « danger FN » et pour une mobilisation électorale de « front républicain ».

 

Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un résultat isolé. Les dernières élections européennes s’étaient soldées par 40.73% de suffrages exprimés par rapport au total d’électeurs inscrits, avec 24.86% de voix pour le Front National (10.12% des électeurs inscrits). L’ensemble des autres listes a donc totalisé un peu plus de 30% des électeurs inscrits. Que penser sur leur représentativité ?

 

D’autant plus que, contrairement à ce qu’ont pu laisser entendre les gesticulations de Manuel Valls, le Front National n’enregistre pas actuellement des pourcentages de voix exceptionnels, si on pense au résultat de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles de 2002 (13.4% des électeurs inscrits). C’est la perte de crédibilité des autres partis politiques, qui favorise son implantation sur le terrain dans un contexte où la situation de détresse collective s’est installée dans la durée.

 

On a donc affaire à un vote (ou non-vote) de rejet général des politiques menées et proposées par « droites » et « gauches », autant à l’échelle française qu’à l’échelle européenne.

 

Peut-on raisonnablement ignorer cette réalité ?

Certes, à présent Manuel Valls semble freiner momentanément la politique de casse sociale. Mais pour combien de temps, et avec quels objectifs ? Le Monde rapporte « Manuel Valls : "Le pays a plus que jamais besoin d’apaisement et d’unité" ». Mais où peut mener un tel discours de circonstance ?

 

Le 1er avril, Le Parisien écrit « La loi Macron 2 enterrée, le ministre de l’Economie recadré ». France TV Info interroge à son tour « Manuel Valls va-t-il réformer le contrat de travail ? », avec le commentaire « Le Premier ministre pourrait proposer une alternance au CDI dans les petites et moyennes entreprises ». Et ainsi de suite... Qu’en résultera-t-il, tout compte fait ?

 

Parallèlement, les tensions au sein de la « gauche » sont plus fortes que jamais. France TV Info rapporte « Départementales : "On ne peut pas continuer comme ça", le coup de gueule de Jérôme Guedj », avec une vidéo des déclarations très amères de Jérôme Guedj du soir même du second tour des élections départementales à propos de la défaite de la « gauche » dans l’Essonne (le département de Manuel Valls).

 

Le Figaro commente « Taubira, Montebourg, Aubry : tirs groupés contre Valls ». En même temps, Le Monde écrit « Cécile Duflot : "Le logiciel de Manuel Valls est périmé" ». Mais la politique de Cécile Duflot, dont une cible privilégiée est l’épargne populaire, est-elle autre chose qu’une manière quelque peu différente d’appliquer la même stratégie antisociale ?

 

Quant à la « droite » qui a gouverné pendant dix ans entre 2002 et 2012 aboutissant également à un rejet de la part de la population il y a trois ans, quelle politique nouvelle peut-elle proposer à présent ?

 

L’impasse des partis « de gouvernement » des trois dernières décennies apparaît de plus en plus profonde. La réalité est que depuis longtemps, les « alternances » de la politique française ne sont qu’une suite de votes sanction désavouant des versions à peine différentes de la même politique.

 

1 avril 2015

La Science au XXI Siècle
Blog international du Collectif « Indépendance des Chercheurs » (France)

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